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Aftershow Deep Purple - Grenoble.

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Aftershow Deep Purple - Grenoble. Empty Aftershow Deep Purple - Grenoble.

Message par ready freddie Mer 10 Sep - 15:30

Posté par Deep Intruder le 10/04/2007

Les loges de la « patinoire » de Grenoble sont aussi gerbantes que celles de Zurich l’an passé. Un peu normal. Même démarche « alpine » à la con…

Qui plus est, l’ambiance est d’autant plus réfrigérée que les coulisses paraissent désespérément VIDES. Entendez par là qu’à part un fan italien déjà vu l’an passé, accompagné d’une copine anglaise, d’un molosse de la sécurité et de quelques membres du staff Drouot qui passent et repassent sans réel entrain, mon pote Bruno et moi-même nous retrouvons complètement loosés au milieu de nulle part, dans des couloirs trop blancs pour être honnêtes et où la moindre de nos conneries chuchotées semblent profiter à tout le monde… Si tant est qu’il y ait eu du monde…

Schon, le grizzly humain roadie de Ian Paice, nous broie consciencieusement les mains en éructant un « Hi, girls ! » de derrière les fagots, comme on les aime, traduisant chez lui un intense contentement de nous revoir, tout en continuant à pousser de hasardeuses caisses et valises roulantes vers une destination incertaine…

Finalement, après un gros quart d’heure, le groupe au complet, accompagné du sempiternel Bruce Payne, sort de sa loge, Roger en tête. Pourtant, l’a pas une très bonne vue, Roro… Mais là ! Il nous saute carrément dans les bras, manifestement ravi de nous revoir ! Ian G., bronzé en diable, sourit en douce… L’a l’air très fatigué, mais nous salue avec classe, toujours aussi courtois. Paicey, disert à donf’, toujours dans les pates de Roger, nous en fait claquer cinq aussi. Steve et Don également, mais plus par habitude, légèrement à côté de leurs pompes, apparemment claqués…

Roger : « Putain, on reste pas là ! On file à l’hôtel ! Merde, c’est quel hôtel, déjà ?... Bruce ! Où c’est ?... ».
On récupère le nom et on se dirige vers la sortie côté coulisse où une vingtaine de fans attendent les stars… Deux motards de la gendarmerie sont sensés ouvrir le convoi. J’en profite pour leur demander le chemin.

Le Park Hôtel est un lieu classy, parfaitement cosy, idéal pour hommes d’affaires pressés recherchant confort absolu et/ou discrétion assurée. Discrets, nous le sommes ô combien, constatant que quelques membres de fans-clubs divers ont également suivi le convoi. Oh, ils ne sont guère nombreux, 5 ou 6 à tout casser, mais nous mettons un entêtement farouche à ne pas nous assimiler à d’éventuels débordements d’empathie que Roger Glover qualifiera de « malsains » quelques minutes plus tard… Bien nous en prit.

Gillan et Payne sont déjà en grande conversation au bar, classique, scotch en main. Don Airey tire la gueule. Classique aussi. On ne sait jamais, avec Don. C’est un jour avec et un jour sans. Et là, apparemment, c’est un jour sans. On s’en fout un peu.

Nous sifflons notre première tournée au moment où Ian Paice débarque. Il s’assoit à côté de nous et commande la même chose : un jus de houblon avec des bulles et de la mousse… (Ayant 100 bornes à faire pour le retour, on s’était dit qu’on irait mollo sur le produit… Tu parles…). « Encore une et c’est les vacances ! »… Il a maigri, Paicey, vraiment… En 2003, il aurait pu porter son bide dans une brouette. L’an passé, ça s’était déjà salement arrangé. Mais là, nickel ! Faut dire qu’au rythme où ils tournent, il n’y a pas beaucoup de place pour faire du gras. Mais d’emblée, je suis frappé par la forme éblouissante du bonhomme. Il vient de se cloquer deux heures de show sans broncher et là, hop ! Il débarque, frais comme un gardon ! Etonnant pour un tel batteur, preuve qu’il est arrivé à un niveau de gestion de l’effort particulièrement exceptionnel pour un mec de 60 ans, tout de même !...

Et puis Roger arrive. Investit la place. Coup d’œil circulaire pour voir qui est là. Nous claque dans le dos en même temps et se colle en bout de bar, à côté de Paicey, en nous entraînant et en commandant la tournée suivante… 1ère cigarette roulée… On ne va plus bouger de là jusqu’à 4h30…

Je passe rapidement sur les nouvelles courantes. C’est de l’ordre du personnel, je n’ai donc pas à en parler ici. Il regrette simplement une certaine situation qu’il ne comprend pas et sur laquelle il exprime son impuissance totale, en dépit de ses multiples tentatives. That’s life. Il y a des choses que le bon sens ignore, parfois…

Roger est une encyclopédie du rock’n’roll. Mieux : c’est un mec qui est fondamentalement ancré dans l’aspect UNDERGROUND du rock. Il nous sort des noms de groupes que pas un des mômes présents sur les forums Purple ne peut connaître… C’est un passionné de musique. Il cherche et découvre sans arrêt des oldies de dingue ! Mais ce soir, il a envie d’anecdotique… Go, Roger, go !

« La vie est bizarre ! En 77, je reçois un coup de téléphone de Bruce (Payne) qui me dit : « prépare toi, demain on s’envole tous les deux pour Chicago » ! Super, et on va faire quoi, à Chicago ?... « Ritchie et son Rainbow jouent en première partie de Cheap Trick. Je veux que tu le voies, parce que nous allons retravailler ensemble. » C’était étrange. Nous n’étions plus en très bons termes, avec Ritchie, depuis mon éviction de Purple et son refus de laisser Ronnie Dio faire la tournée « Butterfly ball »… Mais bon. C’est le boulot. Arrivé là-bas, c’est comme si les quatre dernières années n’avaient jamais existé. « Hey Roger ! Comment vas-tu ? ». C’était important, ces retrouvailles. Nous avons retravaillé ensemble pendant huit ans, ensuite… »

Il y a de l’émotion dans la voix. On sent bien que la brouille du groupe avec Ritchie lui pèse énormément, qui plus est en étant coincé entre Gillan et l’acariâtre guitariste… Tiens ! A propos ! Steve Morse n’est pas là… Déjà couché…

Nous lui disons que nous avons rencontré Rick Nielsen et Robin Zander de Cheap Trick à Montreux, justement…

« Lovely people ! Rick est un type adorable ! Complètement fou, mais adorable ! J’adore ces mecs ! Grands songwriters… »

Nous généralisons. Parlons musique au sens large. Qu’est-ce qui fait qu’untel va connaître le succès immédiat avec trois notes qui se courent après alors que d’autres crèveront de faim à jamais en composant des œuvres homériques…

« Pete Townshend l’a souvent dit à Ritchie : peu importe le niveau instrumental réel, il ressortira à un moment ou à un autre de toute façon… Non, l’important, c’est de savoir rester musicalement SIMPLE. ABORDABLE. C’est la clé. »

Ou encore : « Vous vous souvenez de John Gustafson ? ». Bruno pique du nez dans son verre. Je réponds que le nom ne m’est pas inconnu, que j’ai dû lire quelque chose sur le bonhomme il y a très, très longtemps, où que j’ai dû le voir au dos d’une pochette d’album…
« C’est bien le drame ! Chez nous, dans le métier, c’est quelqu’un qui bénéficie d’un succès d’estime ENORME ! Et pas seulement parce qu’il s’est tapé Twiggy dans les sixties !... (Rire sifflant). Vous vous rappelez de Twiggy ?...
Moi (un tantinet embarrassé) – Disons qu’on sait qui c’est, mais ça ne représente pas grand-chose pour un français…
RG – Je sais. Peu importe ! HUUUUUUGE woman ! Bref. Ce mec-là a composé des trucs que même Ray Davies, qui est pourtant un GENIE, n’a jamais envisagé ! Qui plus est, c’est un chanteur fabuleux ! Un pur sorcier ! »
Et voilà notre Roro qui se met à beugler une chanson du dénommé Gustafson, à tue-tête au bout du bar, avec deux froggies pour le coup proches de l’hallucination ! Ian Paice lève les yeux au ciel et s’envoie une lampée de breuvage jaune… De l’autre côté, Gillan hoche la tête pendant que Bruce Payne, vaguement interrogatif, cesse de mâchouiller son restant de cigare en nous regardant et en se demandant ce que le bassiste est en train de foutre depuis maintenant plus d’une heure avec les deux grands chevelus au bout de ce bar où la situation commence à salement s’aggraver… Back to Roger :

« Bref, John Gustafson a très bien gagné sa vie avec la musique parce qu’il a composé des tas de trucs dans plein de groupes différents et pour bon nombre de personnes à droite et à gauche, mais lui, en tant qu’artiste, n’a connu que ce petit succès d’estime des gens du métier alors qu’à mon sens, en terme de compositeur et de chanteur, il était probablement supérieur aux Beatles eux-mêmes !
Moi - Vraiment, ça me court ! Donne-moi le titre d’un album où il joue !
RG - Et bien… Pour moi, le sommet, c’est l’album « Quatermass »… Ritchie a d’ailleurs repris « Black sheep of the family » sur le premier Rainbow… John a aussi participé à trois albums du Ian Gillan Band et il est sur « Butterfly Ball »…
Moi - Voilàààààààà ! Comme ça, ça me parle ! C’est un mec de la famille, quoi…
RG –On peut dire ça comme ça… »

Comme un fait exprès, c’est le moment où Ian Gillan, légèrement entamé au scotch (mais rien de dramatique, contrairement à ce que certains manges-merde lus ces derniers jours s’échinent à colporter comme bruits de chiottes !), se pointe au milieu de notre mini-groupe pour demander où se trouvent les toilettes. Surréaliste. Il se fait légèrement chambrer par Paice (« Bll-bll-bll-bll-bll ! »)…

S’en suit un bref moment un peu flou, ponctué par l’arrivée du staff Drouot. J’en profite pour parler de deux ou trois choses avec ces messieurs, laissant Bruno seul avec Glover. A mon retour, le truc vire à la foire d’empoigne ! Roger met le feu ! Lève son verre en poussant un tonitruant « Vive Seud Lèksssss » devant Gérard Drouot lui-même, totalement interloqué et les yeux comme des soucoupes !... Je ne sais plus où me mettre. Au même moment, une petite anglaise crée une diversion salutaire en se cassant la gueule de son tabouret. Le verre vole en éclat et Bruno la rattrape au vol, avant qu’elle ne s’écrase comme une bouse avinée… Je me dis que ça commence à bien faire et qu’il faut que je me réhydrate. Je commande donc une tournée et sort le crapaud. Roger : « Tu fais quoi, là ? ». Ben… Les verres sont vides. Ca fait deux heures que tu nous arroses, je peux tout de même payer celle-ci, non ? « Non. Laisse pisser. C’est plus simple comme ça… » Clin d’œil matois. Mais ton sans appel. Je ne discute pas. Il commande la tournée suivante. Branche le serveur qui, d’après lui, n’a pas suffisamment rempli son verre. Cheers. A la santé de qui paye. Et même lui s’en fout complètement…

Exit les Drouot, lesquels, en dépit de notre mise à l’écart pour des raisons sur lesquelles nous ne reviendrons pas, demeurent des gens polis. Arrivent deux fans francophones, flanqués d’une grande anglaise complètement pétée à la recherche d’un briquet, qui n’aura de cesse de faire le va-et-vient entre le groupe Gillan-Payne et Glover-nous… Nous rencontrons donc Cédric, alias Mister Bad Guy sur d’autres forums, flanqué de son « hébergeur », un certain Jérémy, qui ne comprend pas trop tout ce qui est en train de se passer… Présentations, brève discussion sur un strict problème de forum. Notre ton animé inquiète Roger, qui demande à Bruno si j’ai un problème. Rassuré, il ne peut s’empêcher de marmonner, à la vue d’un appareil photo : «Parfois, on est carrément dans le malsain !»… Je comprends ce qu’il veut dire. Tout aussi aimables, polis et discrets qu’ils soient, nos deux jeunes fans renvoient Glover à des cohortes de forumeurs sans vergogne, plus intéressés par le nombre de kilomètres qu’ils ont fait pour voir le groupe que par le groupe lui-même, prêts à s**** n’importe qui pour obtenir un pass ou l’adresse d’un hôtel afin de se faire prendre clic-clac Kodak en photo avec les « stars » et ensuite se faire reluire un bon coup sur le net et épater les copains… Entre les deux, trois mots échangés dans un anglais plus qu’approximatif, traduisant de fait la méconnaissance totale de ces gens face à l’univers Purple…

Gillan, Payne et Paice étant partis dormir du sommeil des justes, les quelques personnes restantes tentent un repli stratégique vers notre groupe. En pure perte. Roger coupe court. « Bougez pas. Je prends 5 minutes et je reviens. » Dont acte. Il se dirige vers le salon où sont encore groupées 7 ou 8 personnes, salue, dit au revoir. Le salon vidé, il ramène sa silhouette familière. Nous parlerons encore longtemps. De son amour pour Bob Dylan. De la désagréable impression que lui fit Eddie Van Halen. De Dream Theater et son album tribute.

Tribute, justement. Nous l’informons de notre gig prévu à Eurodisney, où nous ne jouerons que des titres de Deep Purple, tout en précisant que si ce genre de démarche l’ennuie, nous ne le ferons pas. Il rigole. « Non, non ! Faites-ça ! A la limite, c’est important. J’ai le sentiment que l’avenir va appartenir aux tribute-bands… Parce que si l’on y réfléchit, quand les Stones, Pink Floyd, Purple et quelques autres vont définitivement disparaître, ce seront ces groupes-là qui continueront à faire vivre leur musique… » Toujours cette vision globale des choses, cette acuité générée par une vie bien remplie, tout simplement…

4h00. R.G. est ivre, mais paraît heureux d’être là. Vivant. Toujours en selle. Lucide. Nous parlons encore un peu de production, de business, de Sed Lex, des concerts à venir et de positionnement général par rapport à l’entité musique. Il nous dit qu’on devrait former « Deep Lex » ensemble, parce que « Sed Purple », ça sonne pas… Hallu totale.

4h30. Je lui conseille d’aller dormir. Il est à Limoges, demain… Il acquiesce. Nous serre à nouveau dans ses bras. Nous dit qu’on peut lui faire confiance. Evidemment. Comme si nous en doutions…

La nuit grenobloise est encore glaciale. Gifle salutaire. Je ne fléchirai pas au volant.

J’ai reçu un mail, hier, où il nous dit qu’il a fait ce qu’il avait dit qu’il ferait. Comme toujours. C’est la différence entre les Grands… Et les branleurs.

So long, Mister Glover. Take care of you…
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