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LED ZEPPELIN : "Physical Graffiti"

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LED ZEPPELIN : "Physical Graffiti" Empty LED ZEPPELIN : "Physical Graffiti"

Message par Deep Intruder Ven 12 Sep - 22:36

LED ZEPPELIN : "Physical Graffiti"

LED ZEPPELIN : "Physical Graffiti" Physical_Graffiti

Personnellement, Led Zeppelin m’a toujours posé un problème. Evidemment, j’avais adoré le deuxième album, celui de « Whole lotta love » et de « Heartbreaker », sorte de pavé monolithique jeté dans la mare d’une « pop music » de masse abêtissante et désincarnée. Evidemment, je gardais d’eux ces longs shoots d’adrénaline procurés par l’écoute d’ « Immigrant song », de « Black dog », de « Rock’n’roll » ou de « Stairway to heaven ». Evidemment, j’avais été touché par un « Tangerine » d’exception (lamentablement pompé par les Stones pour « Angie ») et les étranges mélopées celtes et acoustiques du 3e album (« Gallows pole » notamment) évoquaient en moi d’antiques images guerrières où la violence et le chevaleresque se mélangeaient avec de surprenants parfums d’acétone et de gomme arabique…

D’un autre côté, le 1er album (celui de « Dazed and confused ») me dérangeait par son indigence, son autosatisfaction replète et son côté « va comme je te pousse », le manche jeté après la cognée… Peu m’importait de savoir qu’il avait été basculé en 36 heures d’enregistrement autofinancé. Le résultat me paraissait complètement surévalué. Et puis qu’est-ce que c’était que ces balades mollassonnes qui ralentissaient en permanence le tempo des albums précités, alourdissant le tout de sonorités grassouillettes et de mélodies complaisantes ?… D’autant que Jimmy Page, véritable Dieu vivant de la guitare rock pour l’immense majorité des critiques, me paraissait bien en dessous de sa réputation et, pour tout dire, totalement surestimé par une succession de plantages manifestes conservés tels quels sur les enregistrements…

Oh, bien sûr, je ne me permettrai jamais de remettre en question le savoir de Mister Page, cette extraordinaire capacité à plaquer de véritables images sur ses mélodies, cette science de l’accord parfait ou tarabiscoté à outrance, analysé sur mesure et calculé jusqu’au moindre effet harmonique programmé… Mais sur les passages chorus, tout devenait poussif, laborieux, forcé. Page le théoricien perdait pied dès qu’il fallait laisser courir ses doigts sans trop y penser…
La spontanéité est un art à la fois délicat et ingrat ; délicat parce qu’elle est le reflet de l’âme en temps réel ; et ingrat parce que si vous ne la possédez pas dès le départ, aucun travail ne vous permettra réellement de l’acquérir. C’est une composante essentielle du grand débat entre l’Acquis et l’Inné. Et très certainement la raison pour laquelle tous les grands guitaristes issus du blues-boom anglais se mirent à pleurer à l’arrivée d’Hendrix… Les mêmes déchaîneraient la critique contre Ritchie Blackmore quelques années plus tard…

Quoi qu’il en soit, « Physical Graffiti » demeure un album essentiel. D’abord parce que pour une fois, l’enregistrement et la production ont bénéficié d’une attention particulière. Ensuite parce qu’un projet habite véritablement cette nouvelle réalisation Zeppelinienne tellement dense qu’il aura fallu un double album pour y donner corps.

En termes de styles et de sons de guitare, c’est une véritable caverne d’Ali Baba… Une fois de plus, Page fait étalage de sa science rythmique et du riff qui tue, mais cette fois-ci, il semble qu’il y ait un objet derrière tout ça, un fil conducteur. Qui a plus à voir avec la façon d’enregistrer et de produire un album qu’avec un thème commun à toutes les chansons, thème qui n'existe de toute façon pas ici.

Cette tendance extrêmement calculatrice dans la « mise en sons » a toujours existé dans tous les albums de Led Zep, sauf pour le premier, peut-être… Mais l’histoire devient salement sensible sur « Houses Of The Holy » et parfaitement manifeste ici. Rien n’est laissé au hasard. Du choix des titres à leur enchaînement, tout prend sens. Et peu à peu, ce qui au départ peut faire penser à un gigantesque fourre-tout devient une œuvre majeure, un kaléidoscope magique de tout ce que le groupe sait déjà faire et de ce qu’il va tenter d’aborder dans les quelques années qui lui restent…

Les tueurs sont toujours là (« The rover », « Custard pie », dont le riff proprement volé au « Dance the monkey » de Mother’s Finest attisera la polémique quelques années plus tard…) ; les clins d’œil aussi (« Boogie with Stu », et une pierre de plus dans le jardin des Stones…) ; « In the light », avec ses mellotrons et ses vocaux chialés, est la suite directe du magnifique « No quarter » de l’album précédent et définit les futures orientations chères à John Paul Jones ; « Trampled underfoot » et son riff funky laisse d’abord perplexe, avant d’attaquer quelques zones insoupçonnées de votre cortex cérébral et de s’y lover avec une facilité déconcertante. Bien joué. Quant à « In my time of dying », c’est le pendant ésotérique au « Mistreated » de Purple, la réponse de Jimmy à Ritchie, les racines blues arrachées à la tourbe du Delta qu’on laisse impitoyablement sécher sous les lames de feu… Et là où Purple pouvait émouvoir avec sa supplique, le Zep lamine, équarrit, ratatine sans état d’âme. Le monde à l’envers.

Reste le cas d’école. Ce « Kashmir » tellement original, novateur, risqué et efficace qu’on ne peut s’empêcher de pleurer en pensant à ce qu’est devenue la musique populaire de nos jours… Un truc insensé, qui développe quatorze idées à la minute sans aucun complexe. Le genre de morceau que tout musicien qui se respecte rêve de composer un jour. Rêve seulement…

« Physical Graffiti » n’est peut-être pas le meilleur album de Led Zeppelin (qui serait capable de le trouver, celui-là, d’ailleurs ?…). Mais à mon sens, il est le plus emblématique, le plus abouti, le plus « chiadé ». Robert Plant y est plus supportable qu’à son habitude. John Bonham s’y trouve à son aise (ce qui ne sera pas toujours le cas, cf. « Presence »…). John Paul Jones s’y déploie encore un peu plus. Et Jimmy tire encore les marrons du feu…

Véritable dirigeable gonflé à bloc d’hydrogène liquide, « Physical Graffiti » n’est pas un album évident qui vous pète à la gueule dans l’instant : il faut y revenir souvent et longtemps. Ce qui, vous en conviendrez, est la marque absolue des grands albums. Et des grands albums seulement…
Deep Intruder
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